mardi 5 janvier 2010

Grippe A, Vaccin ou virus, une même crainte..

A la métropole, à peine 3.000 personnes se sont faites vacciner depuis la généralisation de l'opération de vaccination à toute la population. Un nombre jugé trop insuffisant par les responsables.

Si l'apparition du virus H1N1 a fait paniquer le monde entier, le vaccin anti-grippe semble l'être encore plus. Le Maroc comme de nombreux pays a entamé la campagne de vaccination contre la grippe pandémique. Une campagne qui vient d'être généralisée à toute la population marocaine. Mais voilà que quelques jours après, les Marocains semblent plutôt méfiants vis-à-vis du vaccin contre le A/H1N1. En témoigne le nombre limité, très limité même de citoyens qui ont fait le déplacement dans un centre de vaccination pour recevoir leur dose.

«Depuis mercredi dernier, je peux vous dire que le nombre des personnes vaccinées contre le virus grippal dépasse à peine les 3000 personnes dans toute la ville de Casablanca. C'est un nombre encore insuffisant, voire très insuffisant par rapport aux objectifs du ministère de la Santé. Le ministère de la Santé a consenti des efforts considérables pour mettre à la disposition de tous les citoyens le vaccin gratuitement. Il faut donc que la population en profite», affirme le Dr Fouad Jettou, délégué du ministère de la Santé pour la région de Casablanca.

Appels

Malgré les appels des responsables, les centres de vaccination ont connu une faible affluence. Pourtant, de nombreuses personnes étaient montées au créneau au lendemain du démarrage de la campagne de vaccination par les autorités consulaires de l'Hexagone des expatriés français au Maroc, pour dénoncer «l'absence» du vaccin pour les citoyens marocains. Paradoxal non ? Il faut dire qu'entre temps, beaucoup d'eau a passé sous les ponts. Les informations concernant une probable innocuité du vaccin contre la grippe A et ses effets secondaires déchaînent les passions sur Internet. Le débat sur la toile virtuelle qui a fait boule de neige, a été très vite transposé dans la rue provoquant une véritable panique partout dans le monde. En France, seulement 7 % de la population a été vaccinée contre la grippe H1N1 ce qui a poussé les responsables dans ce pays de programmer une deuxième campagne de vaccination en janvier notamment dans les écoles en France. C'est dire que la réticence des gens partout dans le monde est très forte.

Le Maroc aussi n'aura pas fait exception. Yasmina Baddou, ministre de la Santé qui répondait à une question au Parlement a affirmé que l'opération de vaccination a bénéficié depuis son lancement à 450.000 personnes et que près de 50.377 pensionnaires des orphelinats, maisons de retraite, cités universitaires, internats et établissements pénitentiaires ont bénéficié de la vaccination, soit 82% du nombre total de cette population. A priori, ces chiffres peuvent paraître importants mais comparés aux objectifs du ministère qui prévoit de vacciner 60% de la population marocaine, soit plus de 20 millions de personnes, cela demeure largement en deçà des attentes.

Effets secondaires

Cette situation est due à la crainte des citoyens concernant les effets indésirables du vaccin. Les parlementaires ont même interpellé la ministre de tutelle sur ce point. «Les premiers résultats sont rassurants et les effets secondaires susceptibles d'être générés par ce vaccin sont normaux et prévisibles et ne sont pas différents de ceux accompagnant tout autre vaccin», avait répondu la ministre au Parlement. Des responsables au ministère de la Santé avaient également rassuré dans leurs déclarations à la presse, les citoyens sur l'innocuité des vaccins. Mais ces déclarations seront-elles suffisantes pour convaincre les Marocains pour se faire vacciner? Il faut dire que la tâche n'est pas du tout facile en raison des informations sur les effets indésirables du vaccin reliées par les médias. En effet, certains articles parus dans la presse nationale avaient fait le lien entre la mort subite d'un prisonnier et une dose de vaccin anti-grippe qu'il venait de recevoir.

D'autres informations ont également fait l'écho d'une potentielle relation de causalité concernant la paralysie d'une personne vaccinée contre la grippe A. Mais les responsables avaient tout de suite réfuté ces informations. Dr Omar Menzhi, directeur de l'épidémiologie et de la lutte contre les maladies, avait déclaré lors d'un passage à la télévision nationale que les analyses faites par les services sanitaires concernant la paralysie de la personne en question n'ont dégagé aucun lien avec le vaccin grippal. «Je ne comprends toujours pas les informations et les preuves scientifiques sur lesquelles les gens se sont basés pour faire le lien entre le vaccin et la mort ou la paralysie d'une personne. Toutes les informations diffusées sur ce sujet sont sans fondements. Il faut savoir que le vaccin ne tue pas alors que le virus peut le faire. Nous en sommes actuellement à 53 décès dus à la grippe pandémique et la liste pourrait s'allonger si les personnes notamment les plus vulnérables ne se vaccinent pas contre le virus», martèle Dr Jettou. Selon un dernier bilan officiel, 2935 cas de grippe A/H1N1 ont été confirmés, dont 1011 cas enregistrés en milieu scolaire, et 53 décès déplorés depuis la déclaration du premier cas le 10 juin 2009.

Et depuis cette date, la stratégie du ministère a été jugée bonne par de nombreux observateurs. «Il faut dire que le ministère de la Santé a mis au point une stratégie efficace contre la H1N1 mais encore une fois il fait fournir plus d'efforts sur le plan de la communication. Je pense qu'il y a actuellement un climat de non confiance. Les citoyens hésitent toujours à se faire vacciner en raison des informations erronées véhiculées sur le net alors qu'il n'existe actuellement rien, absolument rien de scientifique qui remet en cause l'innocuité du vaccin contre la grippe pandémique», affirme Pr Jaâfar Heikel, épidémiologiste et expert international. Et de conclure : «je pense que si des responsables gouvernementaux et des députés prennent l'initiative de se faire vacciner devant les caméras, les citoyens auront plus confiance et iront dans les centres de vaccination».

Bilan

L'OMS (Organisation mondiale de la santé) a annoncé, mercredi dernier que plus de 208 pays et territoires d'outre-mer ou communautés ont confirmé en laboratoires des cas de la grippe A/H1N1 en 2009, dont au moins 12.220 morts. Le continent européen a enregistré 2.422 morts, suivi de la région du pacifique-ouest (1249 morts), de la région est-méditerranéenne (693 décès) et du continent africain (130 morts), a ajouté la mise à jour de l'OMS. Les opérations de vaccination sont en cours dans de nombreux pays.

Au Maroc, les citoyens peuvent se rendre à l'un des 1.258 centres de vaccination, dont 419 se trouvent dans les zones urbaines et 839 dans les zones rurales. Par ailleurs, quelque 600 unités mobiles équipées ont été créées pour mener la campagne de vaccination dans les régions reculées du Royaume. Pour rappel, une campagne de vaccination a été généralisée mercredi dernier à l'ensemble de la population marocaine, à l'exception des nourrissons âgés de moins de 6 mois et des femmes enceintes de moins de quatre mois.

Repères

Les vaccinés (statistiques officielles)

265 mille personnes atteintes de maladies chroniques

70.000 personnes dans l'institution militaire

50.377 personnes en milieu carcéral

39.000 pèlerins

16425 femmes enceintes

9131 professionnels dans le secteur de la santé

Seuil de vaccination

Le ministère de la Santé s'est fixé l'objectif de vacciner 60% de la population marocaine.

source : lematin.ma




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